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 Rien qu'une page parmi tant d'autres

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Ebrahim l'archiviste
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Ebrahim l'archiviste
Date d'inscription : 30/06/2017
Messages : 178
Groupe : Eclaiste
Activité : Tisseur et tailleur de vêtements
Origine : Le Nord, le grand froid
MessageSujet: Rien qu'une page parmi tant d'autres    Rien qu'une page parmi tant d'autres  EmptyVen 30 Juin - 14:57

A new story
Everywhere we look, the complex magic of nature blazes before our eyes.

 



  Someone in somewhere
 
▬ Nom : Ebrahim l'archiviste.
  ▬ Âge ; 37 années bien entamées.
  ▬ Race ; démisme.
  ▬ Religion ; Eclaiste, et il souffre de la situation.
  ▬ Localisation ; Il est nomade mais réside actuellement dans le Sud où il étudie la culture Abarianne.
  ▬ Lieu de naissance ; au Nord.
  ▬ Magie ; Aucune.
  ▬ Avatar ; Viggo Mortensen.
  ▬ Métier ; tailleur de vêtements, il faut bien vivre.
▬ Animal totem ; vous pouvez remplir plus tard.
▬ Animal destinée ; animal destinée de votre personnage.
  ▬ Statut marital ; célibataire.
  ▬ Orientation sexuelle ; hétérosexuel.
▬ Code du règlement ; validé par les Staff <3


Someone under the mask

 
Ebrahim avait toujours eu un physique à la fois très commun et très particulier, on le lui faisait assez remarquer comme cela pour qu'il s'en rende compte. Particulier car il a tout du démisme commun, remarquable entre bien des visages. Sa taille impressionnante fait en sorte qu'il dépasse chacun d'au moins une tête, et le sang nain qui coule dans ses veines lui procure une barbe qu'il ne parvint jamais tailler assez pour que l'on prenne pour un homme comme un autre. On ne peut leurrer personne au Nord, les démismes sont mal vu, et nombreux sont ceux qui crachent encore sur leur dos. Une carrure forte et un visage mangé par la barbe et vous voila la proie de bien des regards noirs, inquiets, craintifs, alors même que vous n'avez pas soufflé un simple mot.
Ses cheveux et sa barbe sont d'un brun commun, tout ce qu'il y a de plus normal, et si certains trouvent que propres ils ont fière allure, il ne les lave jamais par simple manque d'intérêt envers cette occupation mais nul ne lui reproche puisque c'est chose courante quel que soit le pays. Il a des yeux clairs, gris comme les monts rocheux du Nord mais parfois bleus comme le ciel qui encadre les montagnes, mais souvent se tiennent-ils baissés sur ses mains cornées par le travail manuel, ses pieds, la tête dans les nuages, ou encore sur une feuille de papier couverte de lignes manuscrites.
Du genre pensif et curieux, il a pris l'habitude de passer beaucoup de temps avec lui-même, à réfléchir, supputer, imaginer, et comprendre quand il le peut le monde qui l'entoure. Et quand, enfin, il sort de ce monde de pensées, c'est pour sourire à cet autre monde qu'est la réalité. Accueillant, chaleureux, il conserve toujours dans son ton une certaine douceur quand bien même il aime évidemment rire et taquiner ses proches. Dans son village natal, il vivait en travaillant le cuir, le tissus, la fourrure : il créait des vêtements. Il avait la réputation de vouloir rendre chaque personne plus belle et cultive son art et sa passion avec amour et précision. Ce travail minutieux a façonné ses mains qui sont à présent couvertes de cicatrices discrètes et de corne un peu partout.
Un visage commun donc qui ne reflète pas une histoire ni un destin exceptionnel, une carrure commune, ni trop fine ni trop musclée, des couleurs communes, un visage ridé sculpté par le vent et la neige et une expression tranquille au visage, l'air légèrement triste peut-être. Mais tel était Ebrahim après tout, et cela faisait longtemps qu'il s'était habitué à tout ce que l'on pouvait dire sur lui.    


We're all stories in the end

 

N'allez pas croire que Ebrahim eut une enfance difficile, invivable, ou simplement une enfance parfaite bercée de rires et de tendresse. Comme tout à chacun, Ebrahim a une histoire confuse, compliquée, avec des hauts et des bas, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut pleurer sur son sort ou au contraire agir avec lui comme avec le dernier des imbéciles. Car si vous voulez connaître cet homme, il faudra gagner sa confiance, assez pour qu'il se confie à vous. Et là, seulement, vous pourrez décider vous même s'il vaut mieux le pleurer ou le blâmer.

C'est en 3415 que naît Ebrahim dans un petit village du Nord d'une mère Demisme et d'un père tout ce qu'il y avait de plus humain. Un cri dans le brouhaha du monde, voilà tout ce qu'il était. Un bruit, un battement de coeur en plus auquel personne ne prêtait encore attention mais que déjà le froid de l'hiver assaillait, et comme un monstre qui arracherait l'ultime souffle de vie du corps de celle qui lui avait donné la vie, sa mère ne survit pas à l'accouchement et donna sa vie pour celle de son enfant.
Son corps, porté par un homme à la tête basse, fut enterré à l'ombre de pins sur le flanc d'une montagne où il repose encore aujourd'hui, puis, le jeune père en deuil s'en alla avec son fils, le protégeant du froid en le serrant contre lui pour l'emmener plus au Sud où il aurait, peut-être, une chance de survivre. Sans quitter le pays du Nord, l'étranger endeuillé se construit une nouvelle vie dans un autre village de son pays, reprenant son métier de tisseur alors que son fils grandit en prenant bien rapidement les traits de sa mère. Il était de grande taille et, à peine eut-il passé les dix ans qu'une barbe persistante poussait sur son menton. Effrayé par l'idée que, à l'instar de bien des enfants démismes, on ne décide de le lui enlever pour en faire un esclave pas mieux traité que du bétail, le père prit soin de lui apprendre à se raser au plus près possible et chaque jour ils exécutèrent ce rituel afin de cacher les origines du jeune Ebrahim timide.
Toujours curieux, le jeune garçon prit rapidement l'habitude d'accompagner son paternel dans son travail, l'observant, l'épiant, lui posant milles et unes questions tandis que l'homme diversifiait son travail en composant manteaux et autres pièces de cuir qui lui valurent une petite réputation dans son village. Passionné par le jeu léger et précis des fils s'entrelaçant, des aiguilles se croisant l'une et l'autre pour assembler deux pièces ensembles, de la fourrure, dansante, fébrile, s'agitant comme de l'eau au moindre souffle d'air et brillant sous la lumière, le petit Ebrahim se trouva un don tout particulier à confectionner des robes, des chemises, des poitrails et des capelines. Travailler la zibeline n'avait plus de secret pour lui, et les chasseurs du village lui ramenaient volontiers les fourrures de lapins et de renards qu'ils capturaient lors de leurs chasses. A chaque fois, Ebrahim parvint à les embellir, transformer la matière ingrate en capuche doucement voluptueuse, en toque chaude et parfaitement adaptée. C'était un métier comme un autre sans doutes, mais à ses yeux, c'était bien là l'expression du génie humain : ce qui les différenciait tous des animaux, créer des merveilles à partir de rien.
Et Ebrahim n'avait alors pas plus de douze ans.

Un jour, un garçon bien étrange vint se cacher à l'arrière de la maison du petit démisme tandis que le tisseur s'atteler à filer le poil de mouton. Intrigué par la présence de ce dernier, le garçonnet observa l'autre de loin sans bouger, les yeux brillants de curiosité alors qu'il se retenait de s'approcher plus de peur de l'effrayer. Il était vêtu étrangement, d'un tissus que le brun n'avait encore jamais vu. Il était fluide, gonflé, semblant rebondir comme le cotonneux des nuages. Quant aux couleurs... Ah ! Elles étaient semblables à celles des fleurs au printemps, chaudes, froides, éclatantes dans tous les cas comme si la nature elle même avait peint ces tissus de teintures miraculeuses. Levant difficilement les yeux de ces habits si exotiques, Ebrahim observa alors le visage de l'autre qui ne le voyait toujours pas. L'inconnu était caché derrière des bosquets, tenant dans sa main un papier si froissé que le jeunot se demanda ce qu'il pouvait bien y être marqué. Il observait les alentours, comme s'il craignait qu'on ne le surprenne, à la fois inquiet mais aussi excité par ce qu'il lui arrivait. Ses longs cheveux blonds et bouclés étaient attachés en queue de cheval basse sur son crâne, et ses yeux clairs parcouraient les environs avec une nervosité presque palpable.
Jeune apprenti tisseur qu'il était, Ebrahim n'avait alors jamais vu ni connu de nobles de sa vie, et cette vision soudaine faisait naitre en lui bien des questions : était-ce peut-être l'un des Sept protecteurs revenus à la vie pour fuir le mal qui les persécutait ? Etait-ce... Un signe d'Eclat quant au devenir de leur maisonnée ? Une chance ? Un voleur ? Un charlatan ? Il n'avait rien d'un guerrier, mais rien d'un artisan non plus... Et ce fut bien toutes ces questions qui poussèrent le petit brun à s'approcher de son invité surprise, accroupi de sorte à ne pas gâcher sa cachette.

- Tu cherches quelque chose ?
souffla bassement le curieux les yeux rivés sur l'inconnu.

L'autre se retourna soudainement, sautant sur le démisme en le plaquant violemment contre le sol, épaules bien aplaties contre l'herbe pour l'empêcher de bouger quand bien même il faisait au moins une tête de plus que lui, ceci étant du au sang elfique qui coulait dans ses veines. Totalement interloqué, surpris et le souffle coupé, le brun fit les yeux ronds en fixant l'autre, interdit. Il devait avoir trois ans de plus que lui peut-être mais la surprise qui se reflétait dans son propre regard n'avait rien d'intimidant.

- Tu sais, je t'ai juste demandé si tu cherchais quelque chose...

- Qu'est-ce que tu fais là ?
gronda l'autre sans trop d'assurance.

- J'habite ici, je suis tisseur. Et toi ?


Un long silence suivit la dernière question du garçon, le souffle rapide à cause de la surprise de cette soudaine agression malgré le fait qu'il faisait tout son possible pour rester calme. L'autre sembla hésiter, faiblir, puis, en grinçant des dents, il s'était retourné en s'asseyant dans l'herbe, ramenant les jambes contre lui pour poser une main au sol, l'autre sur un genoux, semblant déjà désintéressé du démisme.

- J'attends que les gardes s'éloignent.

- Les gardes ? Mais pourquoi ?


Le noble lui avait alors adressé un sourire plein d'espièglerie, le regard brillant à l'idée d'une bonne bêtise qui n'attendait que d'être menée à bien avant, d'enfin, se confier un peu plus.
Il se trouva que ce jeune homme était un fils de marchand en passage dans la région, accompagnant son riche père dans une livraison d'importance capitale en direction de Gemmenoire, au Nord. Ils passaient dans les environs pour s'assurer d'avoir assez de vivres pour survivre et de tenues chaudes pour tenir les neiges septentrionales du Nord du pays. Or, Gaylis, car tel était son nom, ne voyait pas les choses du même oeil et espérait profiter de ce petit périple pour tenter de partir à l'aventure de son côté. Ce qu'il tenait présentement dans les mains était ce qu'il appelait une missive, une famille qui recherchait certaines herbes spécifiques pour soigner le plus jeune de ses fils. Une aventure excitante qui laissa perplexe Ebrahim face à la perspective de s'occuper de ce genre de problèmes à la place des adultes, mais surtout, à la place des gardes et autres héros... Et pourtant, il y prit goût.
Gaylis lui rapporta que son père possédait de nombreux livres de toutes sortes, des recueils qu'il apportait à l'Académie où étudiaient autrefois les mages venus du monde entier et où l'une des Protecteurs avait jadis l'habitude de monter la plus grande bibliothèque du monde. Ayant soif d'en savoir plus sur tous ces livres dont son nouvel ami parlait, il le suivit pour dérober quelques uns des précieux manuscrits au marchand, ceux traitant de médecine, les deux garçons allant ensuite se réfugier dans la chambre du brun pour feuilleter ces derniers.
Assis là, sur le sol de bois de la petite masure, un condensé de feuilles sur les genoux, Ebrahim se rendit compte avec horreur que toutes ces tâches noires sur ces feuilles ne voulaient rien dire à ses yeux. Et pourtant, chacune de ces images le passionnaient, et voir son nouvel ami parcourir des yeux ces choses d'un air si absorbé faisait naître en lui une envie qu'il n'avait encore jamais éprouvé. Il voulu apprendre à lire pour comprendre toutes ces choses, en apprendre plus, sur les herbes et la médecine oui, mais surtout sur toutes ces choses que le blondinet semblait connaître à l'inverse de lui même.
Fort de leurs succès, Gaylis accepta de donner des cours à son hôte en échange d'un lit où dormir la nuit sans que son père ne le trouve, et Ebrahim accepta. Il ne cacha à son père que la raison de la présence du petit riche chez eux, mais la simple idée que son fils puisse apprendre à lire et bénéficier ensuite de chances dans le monde qui l'attendrait ravissait le paternel qui, d'ailleurs, se prit à apprécier le blond comme son second fils. Ce dernier resta ainsi quelques temps chez les deux tisseurs, le plus jeune des deux lui préparant d'ailleurs un petit quelque chose de sa part pour le remercier de son investissement auprès de lui. Ebrahim était un bon élève, se levait tôt le matin en espérant s'améliorer pour ne se coucher que tard le soir, se détachant difficilement de ces mots qu'il comprenait peu à peu. Le monde prenait alors à ses yeux une toute nouvelle profondeur. Le pouvoir de communiquer à travers des dessins, des symboles universels qui prodiguaient le savoir et la connaissance, et ce, sans même avoir besoin de sa langue pour parler. N'était-ce pas là plus prodigieux que toutes formes de magie ?
Malheureusement, vint le temps où les deux compères durent se séparer. Nul ne sût comment, ni pourquoi, mais un beau jour les hommes du marchand débarquèrent chez le père du petit tisseur alors que ce dernier était absent, fouillant la masure de fond en comble jusqu'à mettre la main sur le garçon qu'ils recherchaient : Gaylis. Le blondinet tenta de résister, grognant, mordant même, mais devant bien se résigner au final. Et pourtant, il ne se montra pas dépité ni même déçu, mais dans son regard luisait une lumière plus déterminée encore, une promesse que d'ailleurs il formula à son cadet avant de partir :

- Je reviendrai ! Je vais régler cette mission, et alors, je viendrais te montrer à quel point je serais devenu riche et on ira voyager tous les deux !


Une promesse d'enfant certes, mais depuis le temps, ils savaient à quoi ressemblait l'herbe médicinale que demandait la famille, et surtout, où est-ce qu'elle poussait : près des rochers du soleil, lieu de culte barbare, mais suffisamment proche pour pouvoir mener cette quête à bien. Malgré la promesse d'un avenir radieux, Ebrahim fut dévasté par ce départ, et à peinte eut-il le temps de lui donner une écharpe d'hermine brodée de fil d'acier qu'il lui avait déjà échappé, disparu au loin dans un convoi en direction de la capitale. C'était comme si... Rien ne s'était jamais passé. Le vide, aucune trace du passage du blond si ce n'était... Les livres. La dizaine de livres qu'ils avaient passé des heures à lire ensemble, à feuilleter, à creuser. Un souvenir, un hommage, et en les voyant, Ebrahim sut qu'il ne l'oublierait jamais.

A partir de cette époque, le gentil garçon passa ses jours à s'entrainer à la lecture quand il ne tissait pas pour aider son père. Partagé entre ses passions, il décida vers quinze ans de commencer à écrire, prenant un malin plaisir à interroger les clients de son père pour consigner la moindre de leurs anecdotes sur des feuilles qui trainaient dans un désordre sans nom dans sa chambre. Des feuilles, de l'encre et des plumes qu'il s'achetait lui même avec l'argent des ventes de ses vêtements. Puis, d'anecdotes lambda il commença à écrire son histoire, ainsi que celle de son père qui restait pourtant jalousement secret. Puis, vint le tour du voisinage, des gardes, des troubadours, des troupes itinérantes... Et bien vite, Ebrahim fut connu dans son village comme une graine d'érudit qui ne se lassait jamais de tout savoir sur tout, et surtout, de l'écrire sur quelques mystérieuses feuilles que lui seul pouvait lire.
C'est ainsi que pour ses vingt-et-un ans, on lui attribua le nom de "Ebrahim l'archiviste", un second nom qu'il fut très surpris mais très fier de porter.

Cette même année, il devint l'assistant officiel de son père, ayant lui aussi enfin droit à ses propres commandes, ses propres clients et ses propres revenus. Contrairement à son père, les femmes l'adorèrent. Il avait du goût et une certaine finesse que son paternel ne possédait pas. A nombre de bals les jeunes filles du village venaient lui demander conseil ou lui commandaient des robes aux teintes exquises qu'il était parvenu à développer grâce aux herbiers que Gaylis lui avait laissé. Ce n'était pas toujours évident et il devait parfois partir des semaines pour revenir avec une cargaison suffisante de fleurs et autres matières teintantes pour mener à bien ses commandes, et alors, à chacune de ses escapades, il ne pouvait s'empêcher de se demander si son vieil ami était lui aussi passé de ce côté là pour mener ces aventures dont il avait tant rêvé.
Peut-être qu'il avait en effet pris l'épée et était devenu un héros parmi tant d'autres pour combattre des démourses et autres démons, mais lui... Non, lui, il ne se sentait pas l'âme d'un soldat. Ce qu'Ebrahim appréciait plus que tout, c'était imaginer ces tenues pour les siens, des habits qui illuminaient le regard de leurs possesseurs et, le soir venu, écouter les histoire de chaque membre de son village. Et, fort heureusement, c'était exactement la vie qu'il vivait actuellement.

Mais le temps passait, et avec l'âge, les traits du jeune démisme prenaient de plus en plus l'apparence de ceux de sa race. Bientôt, se raser quotidiennement ne suffisait plus à cacher la barbe persévérante, résolue à ne plus se cacher, et la taille du brun ne pouvait plus s'expliquer par une simple croissance impressionnante. L'évidence devenait claire et sautait de plus en plus aux yeux des étrangers dont l'attitude changea petit à petit. Les plus jeunes des enfants s'éloignaient en courant, riant joyeusement en lui lançant des regards moqueurs. Les mères pinçaient leurs lèvres, détournaient le regard et tenaient d'un air protecteur leurs rejetons encore innocents. Quant aux hommes... Et bien, eux semblaient beaucoup plus clairs sur leurs intentions. Plus d'une fois, on bâti Ebrahim en le traitant de femme faible qui mériterait plutôt de travailler à creuser la terre plutôt que de coudre des robes. On le compara aussi quelques fois à un monstre, une aberration venue tout droit du culte Abarian qui aurait mieux fait de retourner de là d'où il venait. Évidemment, tout cela ne se fit pas du jour au lendemain, et le village ainsi que son propre père protégèrent toujours le jeune homme qui apprit peu à peu à se défendre, prenant de plus en plus de muscle au fur et à mesure qu'il s'impliquait dans la vie du village tantôt aux travaux de la ferme tantôt aux tâches forestières. Le temps passa, et Ebrahim s'habitua aux regards interloqués des étrangers en abandonnant l'idée de se raser pour cacher sa nature. Il s'habitua à leurs remarques doucement violentes qui se disaient à son propos, répondant parfois d'une pique bien choisie mais sans jamais en venir aux mains. Car jamais au grand jamais il ne leur aurait fait le plaisir de leur donner raison.

L'an 3437, un hiver rude, des maladies venues de par delà la mer et de mauvaises vivres rongées par les vers eurent raison du père du démisme. De nature fragile depuis quelques temps, il ne fallut pas longtemps pour que l'homme d'âge mur voit sa santé décliner avant de rendre son dernier soupir pour le plus grand malheur de son fils. Totalement dévasté, la mort de ce dernier rempart qui l'avait toujours protégé du monde depuis sa plus tendre enfance brisa l'homme qui entra dans une rage folle. Rendu fou par la tristesse, il dévasta tous les travaux qu'ils avaient entreprit, lui et son père. Tous les mannequins, les miroirs, tout fini brisé au sol. Les tissus furent déchirés, les fourrures mises au feu, et les livres qu'il possédaient encore furent jetés aux quatre coins de la masure. Ce ne fut que quand il tomba de fatigue que son saccage s'arrêta au petit matin, faisant tomber sur la maisonnée un silence de mort que personne n'osa déranger. Et pourtant, lorsque le tisseur rouvrit les yeux et qu'il entreprit de tout ranger, le coeur encore lourd, il ne fallut pas attendre longtemps avant que quelqu'un ne vienne toquer à sa porte. Et quelle personne ! Ah !
Car loin de recevoir la visite d'un seul inopportun, ce fut tout le village au presque qui se rassembla devant sa porte, l'air aussi désolé qu'effrayé. A bout de forces, le demi-elfe s'était jeté dans leurs bras, cherchant du soutien en pleurant la perte de son père aussi longtemps qu'il le put, mais quand, enfin, il fut calmé, ce fut la gorge serrée qu'ils lui avouèrent préférer qu'il parte.

" - Nous sommes désolés Ebrahim... On sait que tu es un homme bien et tu sais à quel point on t'adore par ici mais... Tu ne vas pas pouvoir rester. La présence d'un démisme dans le village risquerait de faire parler de nous, et tu sais que si des marchands sont intéressés par ta capture... Qui sait ce qu'ils pourraient faire au village ? Et aux enfants ? Saches qu'on sera toujours là pour toi si tu as besoin de nous ! Mais... Tu ne peux plus rester maintenant que ton père est mort... Tu comprends j'espère ? "


Voilà ce qu'ils lui avaient dit, brisant le coeur du jeune homme une seconde fois. Mais loin de s'en offusquer, il n'avait que baissé la tête, serrant les dents pour ne pas craquer avant de dire qu'il comprenait et, après avoir fait ses affaires et enterré décemment le corps de son père, il parti de ce village qui l'avait vu grandir.
Errant d'abord sans buts dans le pays, il se dirigea tantôt vers Mergrise, tantôt vers l'Académie pour espérer y découvrir de nouvelles choses s'il avait accès à la fameuse bibliothèque. Il vaqua longtemps sans savoir où aller, recueillant à chacune de ses escales de nouvelles histoires qu'il se plaisait toujours autant à ré-écrire. Tellement de gens, tellement d'hommes sur cette terre, tellement de visions différentes... Comment toutes les comprendre ? Comment toutes les connaitre ? Chaque personne était unique, incroyable, et chaque visage racontait une histoire différente. Même la plus jeune des âmes semblait détenir une aventure plus incroyable que toutes les batailles de l'histoire réunies.
Et c'est là où tout devenait magique, car quand quelqu'un se trouvait minable, lamentable, quand même le plus brisé des coeurs n'en pouvait plus et désirait se laisser mourir sans plus de précautions, Ebrahim, lui, voyait en elle plus de grandeur et de majesté que n'importe quel monarque.

Plus il alla, plus il apprit à découvrir le monde qui l'entoura. Son voyage ne fut certes pas sans encombres, mais il ne perdit pas la foi et chaque fois quand il le pu il s'employa à aider ceux qu'il rencontra. Après tout, Eclat n'aurait pas laissé son peuple dépérir ainsi s'il avait survécu, alors quitte à avoir perdu leur Dieu ils n'avaient pas encore perdu l'espoir d'un avenir plus beau. Et ne dit-on pas que c'est pierre par pierre que l'on construit les plus beaux palais ?
Il continua d'apprendre, de voir, de tendre la main, mais vint le jour où le Nord ne lui suffit plus. Il devait comprendre pourquoi toute cette haine existait entre Abarians et Eclaistes, pourquoi, à cause de la mort d'Eclat, le monde semblait plongé dans le chaos. Il devait y avoir une solution, une raison à tout cela et un moyen de mettre un terme à la douleur des deux peuples. Et comme toutes ces histoires qu'il récoltait, Ebrahim était bien décidé à la découvrir, à la consigner, et ensuite, à la faire connaître à tous pour qu'enfin, le monde puisse connaître une nouvelle ère de paix où chacun pourrait vivre et croire librement sans crainte de voir le monde se retourner contre lui. C'est pourquoi il y a un an, en l'an 3451, Ebrahim traversa la mer grise en direction du royaume du Sud, la gorge serrée par la peur et les yeux brillants d'excitation.


 
© Kinotto de LG.

 
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MessageSujet: Re: Rien qu'une page parmi tant d'autres    Rien qu'une page parmi tant d'autres  EmptyMar 11 Juil - 23:01

Terminé ma présentation ! Rien qu'une page parmi tant d'autres  738967577

Je vais la laisser dans le coin des présentations en cours si jamais vous êtes curieux, je la déplacerait dans quelques jours Wink
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